Le
mot corruption s'applique ainsi à des actes malhonnêtes, mais il implique un
comportement par lequel un agent public s'enrichit de manière impropre en
détournant un pouvoir qui lui a été confié.
Il
convient de distinguer deux catégories de corruption : “ la petite
corruption ” ou “ la corruption de survie ” qui
est pratiquée par les petits fonctionnaires qui sont mal payés et donc obligés
de rançonner la population en vue de survivre, et “ la grande
corruption ” ou corruption de profit pratiquée par des agents publics
de haut niveau qui prennent des décisions sur des contrats très importants.
La
corruption existe pratiquement dans tous les pays quel que soit leur niveau de
développement économique et social. Aucune administration, aucun régime
politique ne peut opposer une résistance totale à la corruption. Celle-ci est
un phénomène permanent qui tient à la nature des choses car “ toute
société qui fonctionne par la confrontation entre le pouvoir et l'argent génère
des faits de corruption ”.
Les
causes socio-culturelles
Le
milieu social est plutôt favorable à la corruption. Tout d'abord, les membres
de la société, pour la plupart analphabètes, sont peu conscients de leurs
droits et de leurs obligations, ainsi que de la gratuité des services publics.
Ils
considèrent souvent comme normal de se concilier les faveurs des agents du
pouvoir par des présents dons et offrandes. Dès lors, un poste de
responsabilité dans l'administration constitue pour son détenteur une source
d'enrichissement tout à fait légitime. Se faire de l'argent en profitant de son
poste et de sa position dans l'administration n'est pas une chose de vraiment
condamnable.
La
question du pourboire, que l'on appelle très simplement “ le café
”, est une pratique à laquelle se livre toute une frange de la
population lorsqu'il s'agit d'avoir u droit ou de bénéficier d'un privilège.
Ensuite,
comme dans la plupart des Etats africains, le sens du bien public demeure chez
les Marocains très inférieur à celui de l'intérêt familial, du groupe ou du
parti.
De
plus, s'est développée une conception néo-patrimoniale de l'administration qui
s'accommode fort bien du népotisme et de la vénalité et dont on prétend qu'elle
est liée à l'environnement culturel du pays. L'agent public se trouve enserré
dans un réseau complexe de loyauté, de fidélité et de dévouement qui l'expose à
la tentation de tordre ou de contourner les règles et d'exploiter sa position pour
des fins personnelles ou familiales.
Par
ailleurs, la corruption est aussi à la base d'un comportement schizophrénique
qui caractérise plusieurs milieux de notre société où l'auteur et la victime
coexistent dans la même personne.
Autrement
dit, le dénonciateur de la corruption peut être en même temps l'un de ses
supports ou de ses agents actifs ou passifs.
Cette
absence de principes peut être attribuée essentiellement à la banalisation du
phénomène. En effet, pour beaucoup, la corruption apparaît comme ancienne, en
quelque sorte ordinaire et par conséquent, un phénomène qu'on est près à
excuser facilement.
Il
existe ainsi un abîme, un paradoxe apparent entre l'indignation de plus en plus
grandissante contre les profiteurs de la corruption et l'existence même de
celle-ci qui continue à être perçue de façon consciente comme inévitable par
ceux-là mêmes qui en souffrent ou la condamnent.
Dès
lors, il s'est développé un type de sentiment selon lequel la corruption relève
de l'ordre social et toute tentative pour l'éliminer ou l‘éradiquer
est une utopie voire une diversion isolée et sans lendemain. A cette croyance,
s'ajoute par ailleurs, un milieu économique favorable à la corruption.
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شكرا لكم يااصدقائي على المعلومات